Daniel Lauret

Poète, romancier, essayiste

Né à la Guadeloupe, Il est l’auteur entre autres de trois romans : L’Isolé soleil (1981), Soufrières (1987), et L’Île et une nuit(1996), publiés aux Éditions du Seuil, d’un récit autobiographique: Tu, c’est l’enfance, (Éd.Gallimard, 2004. Grand prix Maurice Genevoix de l’Académie Française), d’un essai : Les fruits du cyclone, une géopolitique de la Caraïbe (Éd.du Seuil.2007), ainsi qu’un recueil de poèmes : L’Invention des Désirades, (Seuil. collection Points- poésie, 2009) “L’écriture poétique est à l’origine de toute ma création littéraire, y compris dans les romans, par le souci de privilégier la musique et les rythmes qui dans notre Caraïbe, associent les mots du poème à la danse et au chant.

La poésie comme parole due, architecture de racines et de feuilles envolées, jusqu’à la chute solaire du fruit de création.
 Mon identité culturelle n’est pas légitimée par un terroir ancestral, une pureté originelle, ni par une langue ou une culture dominantes, mais par le fait d’assumer les dépossessions originelles et le partage des altérités réunies, quelles qu’en soient les contraintes imposées ou choisies. 
L’identité ce ne sont pas les racines qui l’expriment, car l’identité c’est un fruit.

Je m’attache à dépeindre la genèse des nouveaux mondes, sans ici ni là-bas, avec l’exil et le naufrage au départ des sentiers. Quatre continents pour édifier une Caraïbe : fagot d’échardes et de rayons enflammé d’un espoir nouveau. Un métissage d’humanités, offrant fraternellement au monde toutes ses re-créations, échappées aux frontières des couleurs, des papiers et des langues

EXTRAIT

Tu deviens un fruit assez mûr pour accueillir. Prends possession de ta découverte et accepte, accepte tout ton être avec ses noyaux (surtout ses noyaux : ce sont les cailloux de ton chemin), sa chair, sa peau, sa couleur, sa parole.

Adhère, oui, à tes racines de fidélité, tes feuilles de liberté, tes fleurs d’imagination. Surtout n’oublie pas dans l’eau les reflets de l’enfance. Préserve à tout âge d’abord la vertu d’enfance, celle qui fait les renaissances adultes, qui empêche de feindre le rire et les larmes, mais qui laisse rire et pleurer, qui fait de l’amour un jeu d’enfants, un épisode à suivre, une danse sous-marine, un déluge de secrets, une embellie de confidences.

Accepte, accepte tout ce que tu peux de ton trésor. Ensuite, donne-le. Plus tu donnes, plus tu es. Prends exemple sur l’eau, et donne en pointillé comme la pluie, en pudeur comme la source, en vrac comme la mer. Il y a mille manières d’avancer souterraine ou de déferler, de pleuvoir sucré-salé, de pleurer joies et peines, de saigner, d’uriner, de couler tiède de sperme, de sueur, de salive ou de lait. Calcule tes forces et fais confiance à ta fragilité. Chaque vague touche au destin d’une autre… L’Isolé soleil, roman, Editions du Seuil

L’Isolé soleil, roman, Editions du Seuil

Max Rippon

Ecrivain

Née en 1944 à La Réunion, j’ai toujours admiré un de mes oncles qui jouait de la banjoline et écrivait des poèmes dont je ne saisissais pas toujours le sens mais dont j’aimais la musique.

Des années plus tard, après sa mort, j’ai eu entre les mains un de ses recueils de poésies amoureuses. Dans l’introduction de ce recueil, il disait : “Je rêve d’un foyer qui me donnerait toute la liberté nécessaire me permettant de conter, étape par étape, l’histoire de ma vie de famille avec des poésies simples, courtes mais bien senties’’.

Hélas cet oncle n’a jamais eu d’enfant, mais ses paroles sont restées dans mon cœur. Je me suis juré d’écrire moi aussi des poèmes pour y dire mes amours, ma vie de famille… ma vie tout court, avec ses colères, ses douleurs, ses doutes, ses joies au fil des jours…Puis je me suis essayée à la nouvelle et à mes propres illustrations pour donner plus de couleurs encore à mes écritures.

Et de mots en mots, j’ai eu l’idée d’écrire des contes par le biais de l’Association Laféladi que je préside et qui consacre une bonne partie de sa création littéraire à la Jeunesse.