Térèz Léotin

Écrivaine

Térèz Léotin est née Félix-Théodose Thérèse Toussine le 01 novembre 1947 au Saint-Esprit (Martinique). Suite erreur État-civil sur le patronyme familial, elle devient Théodose Thérèse après rectification. Ainée d’une famille de huit enfants, elle est la fille de Lambert Théodose, géreur d’habitation puis enseignant et de son épouse Macaire Valentine, Yve, sans profession. Elle est mariée à Léotin Georges-Henri, professeur de philo honoraire et écrivain, ils ont trois enfants Kindja, Délhia et Iv-Lambert Rémi.

Directrice honoraire d’école d’application, Conseillère Pédagogique en créole, auteure d’ouvrages créoles et français. Ancien membre de Bannzil Kréyol Matinik, membre de KM2 (Regroupement des écrivains créoles de la Martinique.) Membre fondateur du journal créole Grif an tè, Titulaire du Diplôme Universitaire de Langue et de Culture Créoles (D.U.L.C.C) niveau maîtrise. Officier dans l’ordre des Palmes Académiques. Citoyenne d’honneur de la ville du Prêcheur. Prix spécial de l’académie créole de Martinique 2022 pour l’ensemble de son œuvre, membre de l’Académie créole de Martinique

A fait paraître aux :

ÉDITIONS Bannzil Kréyol Matinik

  1. An ti ziédou kozé 1986 (ouvrage en créole) épuisé, extraits traduits en Japonais

ÉDITIONS L’Harmattan

  1. Tous les ouvrages sont bilingues, français et créoles
  2. Lespri lanmè/ Le génie de la mer 1990
  3. Ora lavi/ A fleur de vie, récit 1997
  4. Tré ladivini/ Le plateau de la destinée, nouvelle 1999
  5. Dwet an nò/ Doigts d’or 2007
  6. Tan twa woz la/ Le temps des trois roses nouvelles 2007
  7. Fab bò kay / Fables en case créole, adaptation La Fontaine 2011

ÉDITIONS Ibis rouge

  1. Lavwa égal/ La voix égale, Roman 2003

ÉDITIONS K EDITIONS

  1. Piétè a Traduction adaptation de l’Avare de Molière, 2008 (épuisé) (réédité)

ÉDITIONS Exbrayat

  1. Miminou Récit, 2012
  2. L’âme de la mer/Nanm lanmè a Conte pour enfant, 2013 (réédité)
  3. Xolo, Récit, 2014
  4. YO, An tan lalin/Du temps où la lune…adaptation pour enfant, (Les musiciens de la ville
  5. Brème, conte revisité) 2014
  6. La reine Zizanie/Larenn Kankan (vol 1 & 2) Conte pour enfants, 2015
  7. Vaval pa kité nou, récit 2018
  8. Mariyan Tètfè, Conte pour enfants, 2015
  9. Une histoire sans frein/An listwè san koraj Récit écologique, 2015
  10. Les comptines de Tité 2016 réédité
  11. La panthère, roman, 2016
  12. L’histoire vraie de Lilas au pays des lamas/ Listwè Lila viv adan péyi sé lama a, récit 2016
  13. Le moulin magique/Moulen majik la, Conte du folklore créole martiniquais revisité, 2017
  14. Un bonheur à crédit/An bonnè asou karné krédi, Roman, 2018
  15. Les larmes amères/ Sé dlozié anmè a, Roman, 2020
  16. Feu Angélo/ Angelo défen, Roman, 2021
  17. Les proies/ Sé zibié a, Roman, 2021
  18. 850 Proverbes créoles, 2022
  19. Mémoires d’Outre-Mer/ Mémwè lotbò dlo, Roman, 2022
  20. Elzéa sur les traces de l’horizon/Elzéya asou tras lorizon, récit, 2022
  21. Anthologie Séyon Kréyol, Ouvrage collectif Éditions MicRomania/ Keditions, 2022,

ÉDITIONS Magellan

  1. Participation à l’ouvrage Nouvelles de Martinique collection miniature avec un texte en français, 2021, Paru aux Éditions Magellan

TRADUCTION

  1. Térézen et l’arbre blanc, Mireille Desroses, traduction aux L’Harmattan 2006
  2. Mayna et le volcan Michèle Jouve, récit, traduction aux Éditions L’Harmattan, Éditions jeunesse, 2010
  3. La mangouste et le crocodile récit de Guy Lauréat, traduction aux Éditions Orphie 2013
  4. Alice au Pays des Merveilles/Aliss nan Mèveylann, traduction adaptation de Alice in Wonderland de Lewis Caroll, roman, traduction aux Éditions Exbrayat 2013
  5. Sokan bleu le rescapé Josette Bardury-Rotsen, traduction aux Éditions Exbrayat 2014
  6. Inaïa, Michèle Jouve, conte, traduction aux Éditions Exbrayat, 2014
    Ainsi naissent les sirènes récit de Stéric traduction aux Éditions Exbrayat 2015
  7. Les Rustres/Lé Souba Traduction adaptation de la pièce de théâtre de Goldoni, traduction aux Éditions Exbrayat 2016
  8. Léripsion Tikoko a, L’éruption de petit coco, Anique Sylvestre récit, traduction aux Éditions Exbrayat, 2016
  9. Oura le chat et l’ouragan, Béatrice Chanard, traduction aux Éditions Exbrayat 2016
    Princesse Kenza, Anique Sylvestre récit, traduction aux Éditions Exbrayat 2016
  10. Les croquettes de Médard, Kinzy, traduction Éditions Exbrayat 2016
  11. Extraits de Peau noire, masque blanc de Franz Fanon CTM/Krey Matjè Kréyol Matinik (KM2) traduction 2016
  12. Le héron, la fille, traduction de la fable de J. de la Fontaine traduction aux Éditions Exbrayat 2016
  13. Cocu, battu et content, conte de J. de la Fontaine traduction aux Éditions Exbrayat 2016
  14. Les Espagnols vus par un Français de Montesquieu, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  15. Hippo le papa qui couve des œufs, récit Anique Sylvestre traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  16. Maïa des bois, Myrna Méliot récit, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  17.  Le temps des touristes Jean Caffe récit, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  18.  Le héron, la fille, Jean de la Fontaine récit, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  19. Cocu, battu, content, Jean de la Fontaine récit, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  20. 28 jours à la dérive de Juliette Sméralda, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  21. Nanou et Zelda Josette Bardury-Rotsen, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  22. L’école c’est formidable Josette Bardury-Rotsen, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  23. Hibiscus rose et Papillon Josette Bardury-Rotsen, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  24. Le combat de Riri Josette Bardury-Rotsen, récit, traduction aux Éditions Exbrayat, 2017
  25. Fifi et Maam Anique Sylvestre, récit, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  26. Les troglodytes de Montesquieu, récit, traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  27. Fimel kabrit misié Sègen an /La chèvre de monsieur Seguin, Alphonse Daudet traduction aux Éditions Exbrayat 2017
  28. Les espagnols vus par un français, les lettres persanes de Montesquieu traduction aux Éditions Exbrayat 2018
  29. Mémoires d’un arbre, de Michèle Jouve, récit traduction aux Éditions Exbrayat 2018
  30. Le ballon, de Stéric, récit traduction aux Éditions Exbrayat 2018
  31. Mous ek ti koulibri a, Caroline Chemarin, récit traduction aux Éditions SCITEP jeunesse 2018
  32. Ti jan ek ti mannikou nwel, récit Caroline Chemarin traduction aux Éditions SCITEP jeunesse, 2019
  33. La grande aventure de Youki le chat de Daphné et Léandre Nguyen récit traduction aux Éditions Exbrayat 2021
  34. Nonm lan ki té ka planté sé piébwa a/ L’homme qui plantait des arbres, de Jean Giono, récit traduction aux Éditions Exbrayat 2021
  35. Le papillon de Papouasie Sylvie Mochiri Miller, récit traduction aux Éditions Exbrayat
  36. Piétè a Traduction de l’Avare de Molière, réédité aux Éditions Exbrayat, 2022
    ***Traduction en chantier Jane Eyre, Mémoires d’une maitresse d’école de Charlotte Brontë inédit.

Interwiew accordé à Thibault Charles et paru dans le journal local

T. C – Térèz Léotin est une écrivaine martiniquaise qui se bat pour la valorisation de la langue créole. Elle mène un long combat par le biais de ses écrits afin que cette langue devienne une langue reconnue comme les autres.

Depuis son plus jeune âge, Térèz Léotin semble n’avoir toujours eu qu’une ambition : revaloriser la langue créole martiniquaise. Le créole est une langue parlée dans les Antilles mais aussi dans l’Océan Indien. C’est une langue qui est propre aux populations locales et il existe plusieurs créoles différents. Cependant, cette langue a pendant longtemps été très mal perçue par les anciennes générations de la Martinique, à tel point que leurs enfants ne devaient parler que français.

Térèz Léotin fait partie de cette génération de martiniquais a qui on a interdit de s’exprimer dans cette langue. Une langue pourtant parlée dans la région francophone, comme anglophone (Sainte-Lucie, Dominique, un peu à Trinidad qui est aussi pratiquée dans les autres îles de la Caraïbe Guadeloupe, Haïti, Cuba et en Louisiane et en Guyane. Après avoir été l’une des fondatrices du premier journal martiniquais écrit uniquement en créole “Grif An Té” (1979-1983), elle s’inscrit en 1984 à l’université des Antilles et de la Guyane pour apprendre la structure linguistique du Créole. Après avoir affronté les préjugés sur cette langue, c’est en 1986 qu’elle commence à écrire ses livres en créole, qui sont très bien reçus.

Un long combat qu’elle a mené toute sa vie par le biais de beaucoup de genres littéraires tels que le roman, la nouvelle, le conte ou encore la poésie. Afin de faciliter la transition du créole de façon littéraire, elle n’hésite pas non plus à réaliser des traductions de classiques universels. Un combat qu’elle mène toujours avec le même acharnement pour le bien de la culture martiniquaise.

T. C – Pourquoi la valorisation du créole est-elle une lutte ?
La langue créole est une langue neuve, relativement jeune, en tout cas, puisqu’elle n’a que quatre cents ans, environ. Il est important selon moi de la faire rentrer dans tous les domaines étant donné qu’il s’agit d’une langue comme une autre. La lutte que je mène c’est aussi ma manière de la faire exister. C’est une langue très riche (et elle) qui mérite d’être reconnue et ce sans complexe d’infériorité. Nous devons d’abord, nous ses locuteurs, la considérer pour ce qu’elle est : Elle fait partie intégrante de notre culture.

T. C – Comment avez-vous appris à maîtriser la langue créole ?
J’ai commencé à travailler le créole grâce au journal “Grif An Té”. C’était une petite revue en créole qui est apparu de 1977 à 1982. C’est ce qui m’a donc amené à prendre en considération cette langue. Il m’a donc fallu apprendre à reconnaître sa valeur et à la connaitre dans les éléments qui la compose (syntaxe, grammaire, vocabulaire). Pour cela, je suis allée à l’Université afin d’apprendre le fonctionnement de la langue. J’ai ainsi pris conscience qu’il fallait valoriser cette langue qui avait aussi besoin qu’on la fasse exister littérairement.

Je suis reconnue pour être quelqu’un qui écrit à la fois en français et en créole. Je m’arrange de mon mieux pour que mes ouvrages ne soient pas de simples récits dans lesquels sont racontés des faits. Je m’amuse en effet à travailler avec la langue de telle sorte que mon lecteur trouve du plaisir à la lecture des jeux faits avec et autour de la langue.

T. C – Peut-on dire que le créole martiniquais est unique comparé aux autres créoles ?

Il y a un créole martiniquais, guadeloupéen, réunionnais, dominiquais etc … que l’on peut considérer comme étant uniques, chacun dans leur spécificité évidemment, mais en tenant compte de l’intercompréhension entre les locuteurs de créoles différents, on peut affirmer qu’il y a à la fois diversité et unité. La structure grammaticale ainsi que le vocabulaire peuvent avoir certaines différences, même si la base est commune, même si leurs structures sont pratiquement les mêmes. (Ceux qui veulent appeler cette langue “Le Martiniquais”, a réduise à un territoire Quand on parle du créole de façon générale, on couvre une plus grande superficie. Il est plus judicieux alors que l’on dise simplement, “Le Créole”.

T. C – Vous utilisez beaucoup de genres littéraires, tels que le conte, le roman, la nouvelle, etc… Y a-t-il un genre que vous préférez pour la pratique de la langue créole ?
Je ne veux surtout pas réduire le créole à un genre littéraire. Ce serait très réducteur de dire et de croire qu’il y a un genre approprié pour le Créole. J’aime bien les Nouvelles, les romans, les pièces de théâtre ou les poésies. J’aime aussi faire des traductions, ça permet à d’autres œuvres de pouvoir être écrites dans cette langue. L’auteur martiniquais devrait alors beaucoup pratiquer la traduction, afin de permettre au créole d’accéder à des œuvres d’auteurs qui parlent d’autres langues. La langue créole ne fonctionne pas comme la langue française.

T. C – Comment le journal “Grif An Té” a été reçu à l’époque
Il a été assez mal reçu globalement, même si le tout premier journal a été vendu complètement. Les gens n’étaient pas habitués à la lecture du créole, et il y a eu un rejet. Il y avait quand même des gens qui étaient prêts à faire l’effort pour lire le journal, des gens que je qualifierais de militants. Ainsi le journal a pu vivre de 1977 à 1982.

T. C – Dans le contexte actuel, si un journal rédigé uniquement en Créole faisait son apparition en Martinique, comment serait-il reçu ?
Aujourd’hui, il existe un journal qui est écrit uniquement en créole, il s’appelle “Boudoum”. Il avait été assez bien reçu, mais à cause de la période du covid, il a malheureusement été suspendu. Pour l’instant, il n’a pas été remis en circulation.

T. C – Prévoyez-vous de nouveaux projets d’ouvrages ?
Oui. Pour l’instant, je traduis un roman, un ouvrage assez long, donc sa traduction prend beaucoup de temps. Mais en principe, on ne dit guère ce que l’on a en chantier.

T. C – Selon vous, les gens ont -ils conscience du fait que le créole doit être une langue qui doit être mise en valeur ?
A l’heure actuelle, cela dépend de la conviction ou non des martiniquais qui parlent créole. Pour beaucoup hélas, il y en a encore qui pensent que la langue créole n’est rien et que la langue française est tout. Heureusement il y a maintenant, aussi des gens qui ont conscience qu’il y a une langue qui est leur langue et qui est le reflet de ce qu’ils sont. Cependant de plus en plus il y a une décréolisation due à la diglossie certains pensent en effet que le français est au-dessus du créole, et ainsi de plus en plus de mots français interpénètrent cette langue. Le créole devient alors de plus en plus fragilisé.