Halima Grimal

Auteure

Elle enseigne les Lettres classiques avant de se consacrer totalement à l’écriture de nouvelles, de romans et de poèmes. Son parcours professionnel l’amène à travailler au Maroc, en Afrique noire, aux Etats-Unis et dans les îles de l’Océan indien. De nombreux voyages la conduisent en Australie, en Inde, en Chine et dans maints pays européens. Elle pose définitivement ses bagages à l’île de La Réunion. Toutes ces découvertes géographiques, liées à des expériences humaines précieuses, marquent profondément ses écrits.

Elle anime, des années durant, de nombreux ateliers d’écriture et mis en œuvre de multiples projets culturels.
Elle participe, en collaboration avec l’écrivain Frédéric Célestin, à une création poétique en français et en créole qui cerne les labyrinthes du portrait chez le peintre réunionnais Charly Lesquelin. Depuis trois ans, elle travaille à transcrire en mots et métaphores les toiles inspirées de Charly Lesquelin : un dialogue d’artistes, pour des publications à venir.

Elle fonde « La Tribune des Tréteaux » et élabore des analyses critiques en retour des spectacles de théâtre présentés dans l’île. Avec « La Tribune des Chevalets », elle tente d’accompagner la créativité de jeunes artistes en devenir.

Elle publie en 2011, aux éditions de L’Harmattan, un recueil de nouvelles, Vingt et un points de suture ; et en 2013, toujours chez L’Harmattan, un roman titré Le Manuscrit de la femme amputée. Un prochain roman est à paraître en 2015.

Extrait

« Hélas, mon père n’était pas de cette race qui fertilise le sol de la patrie de son sang vermeil. Il n’a fait le sacrifice de rien, mon père, il a survécu à tout ce qui était dangereux, il a contourné toutes les menaces. Il s’est protégé de toutes les agressions et c’est un innocent lièvre apparu au bord du chemin où il aimait à se promener à cheval qui enclenchera un rapide compte à rebours, juste quelques minutes ou peut-être quelques secondes et la faux de la Camarde viendra moissonner la trogne immonde de mon géniteur. Pas de châtiment, pas d’expiation, non, un animal fragile qui coupe la route de son canasson préféré, un accident dans le déroulement bien rodé des rituels du plaisir quotidien, un petit lapin qui devient le fatal déclic d’un soudain dysfonctionnement, une présence menue qui bondit d’un fourré et voilà, c’est simple, l’homme est à terre, une chute, un cavalier émérite s’est laissé surprendre, une valdingue dans les airs, cul par-dessus tête, mon père, c’est tout, Dieu protège les salauds et sait les faire mourir sans qu’ils souffrent. »

Manuscrit de la femme amputée
L’Harmattan, 2013