Daniel Honoré
Auteur, fonnkézèr, zarboutan nout kiltir
Il naît, le 16 octobre 1939, à St-Benoit (Ile de La Réunion), d’une mère descendante d’esclaves et d’un père originaire de Chine, région de Canton. Il fait une carrière d’enseignant, est délégué départemental des CEMEA pendant une dizaine d’années, membre du Parti Communiste Réunionnais jusqu’en 1977.
Depuis le milieu des années 70, il écrit (poésies, nouvelles, contes, romans…) presque exclusivement en créole réunionnais ; parallèlement à un travail de recherche sur le patrimoine immatériel de l’île (proverbes, croyances populaires, expressions créoles, zédmo ou devinettes créoles…).
Depuis Mon île (1979 Éd. Les chemins de la liberté), plusieurs ouvrages sont devenus des références ; les romans, Cemin Bracanot (Éd. UDIR/ASPRED, 1984) et Marcéline Doub-Kèr (Éd. UDIR, 1988), les Dictionnaire d’expressions créoles (Éd.UDIR, 2002) et Diksionèr Moféknèt (Éd. SURYA, 2013 ), mais aussi les Contes créoles, tomes 1, 2 et 3 (Éd. UDIR, 2003, 2005 et 2011).
Il organise, avec la participation de quelques amis, des stages de formation de conteurs. En 2008 il est décoré ” Zarboutan nout kiltir”.
Comme j’ ai méprisé tes courbettes
à l’apparition de l’homme aux devises !
Comme j’en ai voulu au fil de fer traversant
La chair et la carapace de la tortue encore vivante
Que tu exhibais sur mon passage !
Quoi ! Est-ce que pour te rajeunir, toi la millénaire
Tu te plongerais dans une vasque de cruauté infantile ?
Et puis tu m’as demandé de comprendre.
Il m’a fallu du temps pour accepter que planent sur ma tête
les ombres de ceux qui meurent pour rien car leur nombre
considérable ne peut, face à ton énorme existence que paraître ridicule.
La disparition d’une créature de Dieu, au-delà de l’océan
et du grand fleuve jaune, ne porte pas la même charge de douleur qu’ici.
Tu as murmuré au creux de mon coeur que si tu m’avais attendu si longtemps
Ce n’ était pas pour me voir pleurer mais pour me dire la douceur de tes collines,
me faire admirer l’arrogance de la Montagne jaune et la noblesse majestueuse de tes temples.
Merci de m’avoir entraîné à boire à ta bouche le lait de soja et la crème de patience.
Mais ma Chine-Nation ne me retiens pas dans ton immensité !
Je reviendrai mais je ne resterai pas. Je suis aussi d’ailleurs.
C’est à l’autre terre que j’appartiens.
Ô Cathay gâtée !
Nourris-moi de ton souffle et laisse-moi te raconter mon île !